J'apprends la Démocratie

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Habiter le monde autrement

À Notre-Dame-des-Landes, une première victoire pour préserver les terres agricoles

Reporterre.net

28 octobre 2019 / Héloïse Leussier et Jérémie Lusseau (Reporterre)

 


https://reporterre.net/A-Notre-Dame-des-Landes-une-premiere-victoire-pour-preserver-les-terres-agricoles


 

 

Sur la Zad, les habitants poursuivent leur combat pour pérenniser leurs activités agricoles ou culturelles, leurs habitats, et leurs « tentatives d’habiter le monde autrement ». Ce samedi 26 octobre, ils organisaient un rassemblement à Notre-Dame-des-Landes.

 

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Presque deux ans après la victoire contre le projet d’aéroport, environ 150 personnes vivent aujourd’hui sur la Zad de Notre-Dames-des-Landes. Ils développent des activités paysannes, mais également artisanales, culturelles et militantes. Un rassemblement était organisé ce samedi 26 octobre en soutien à ces « tentatives d’habiter le monde autrement » qui font face à de nombreux obstacles administratifs.

Cet été, nous les avions rencontrés dans l’ambiance festive de l’événement ZADenVIES, souriant et motivés, mais plein d’incertitudes quant à l’avenir de leurs nombreux projets. Cet automne, ceux qui ont décidé de poursuivre les activités paysannes débutées pendant la lutte contre l’aéroport affichent un visage plus soulagé. Après des mois de mobilisation accompagnée de négociations avec l’État et le département de Loire-Atlantique, propriétaire des terres, des promesses de baux ont été obtenues pour une quinzaine de leurs exploitations. « On a de quoi pérenniser la plupart des installations. On a arraché quelque chose d’assez exceptionnel », annonce ce samedi 26 octobre Cécile, l’une des habitantes de la Zad. Mais l’heure n’est pas à la victoire : « On a encore quelques épines dans le pied, notamment cinq sièges d’exploitation sur la Zad qui sont menacés ». D’où l’importance de ce rassemblement « pour les terres communes », organisé le 26 octobre, sur place, à l’appel de NDDL-Poursuivre ensemble, des Naturalistes en lutte, de la Coordination des organisations soutenant les projets de la Zad, d’habitant.e.s et paysan.nes de la Zad, de l’Assemblée des Usages ainsi que du collectif Copain 44.

 

 

Récapitulons. 17 janvier 2018 : le Premier ministre Édouard Philippe annonce l’abandon du projet d’aéroport. Printemps 2018 : opération militaire violente pour détruire les habitats et expulser les occupants des lieux. L’État a alors exigé de ceux qui voulaient rester qu’ils déposent des fiches administratives débouchant sur l’obtention de conventions d’occupation précaires (COP). Ceux qui ont accepté ces conditions, en les détournant pour les faire rentrer dans une dimension collective, sont alors entrés dans une longue bataille administrative pour pérenniser leurs installations. « Ce n’était pas gagné, ils ont essayé de nous faire lâcher ce qu’on avait en autorisation d’exploiter pour conforter des grosses fermes », rapporte Cécile.

 

 

Mais les projets agricoles issus du mouvement vont pouvoir se stabiliser sur au moins 350 ha, tandis que les paysans résistants historiques sont confirmés sur leurs 305 ha. Les agriculteurs ayant accepté de laisser leurs terres à Vinci pendant le temps du projet d’aéroport ont cependant pu garder environ 400 ha après l’abandon. « Le département [naguère favorable à l’aéroport, ndlr] dit qu’il veut faire ici un territoire modèle en terme de transition agricole et écologique. La base serait de nous permettre d’avoir des fermes qui tiennent la route », ajoute la jeune femme.

 

 

Les habitants bataillent aussi pour faire reconnaître leurs habitats, en dur ou léger

Parmi les situations non débloquées, il y a notamment celle de Willem et Mika, sur le lieu-dit de Saint-Jean-du-Tertre, qui symbolise ce qui se joue actuellement. Sur ces terres, en 2008, les anciens exploitants des terres adjacentes ont cédé leur baux et, en contrepartie, ont touché des indemnités d’éviction et des terres en compensation du projet d’aéroport. Willem a débuté un élevage laitier en bio en 2014, à côté, Mika a démarré une activité de boulanger-paysan, en 2016. Aujourd’hui, l’un des anciens exploitants — dont le siège d’exploitation se situe à une dizaine de kilomètres — a été désigné prioritaire pour récupérer un bail sur un terrain de sept hectares, à côté de la ferme investie et défendue par Mika et Willem. Malgré leur proposition de l’échanger contre d’autres terres plus grandes, il ne veut rien entendre. « Le but n’est pas de grossir toujours plus, mais d’utiliser des terres qui sont indispensables à notre projet. Il a une exploitation de 318 hectares, quand nous n’en utilisons que 50 », explique Willlem. « L’administration ne se positionne pas alors que l’État a toute la latitude de dire qu’il soutient nos installations, affirme Mika. Les bras m’en tombent », lâche le jeune boulanger-paysan, qui explique qu’il est incapable de se projeter sereinement tant que cette question ne sera pas réglée.

 

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Ils voudraient également pouvoir continuer à entretenir la forêt de Rohanne tel qu’ils l’ont fait depuis 2015. « Nous organisons des coupes forestières réfléchies, suivant une sylviculture alternative ou plus techniquement de futaie jardinée, et ça ne nous conviendrait pas de faire aujourd’hui des coupes rases et des replantations comme le fait l’ONF », explique Michel, investi dans l’association Abrakadabois, créée en 2018 pour défendre ce projet. Selon lui, il se déroule actuellement « un dialogue assez constructif » avec le département pour gagner cette autonomie. Cela permettrait dans le même temps de poursuivre toutes les activités autour de la menuiserie et de la charpente qui ont lieu sur la Zad, et l’organisation régulière de chantiers écoles.

 

« Ce que nous voulons, c’est réinventer des façons d’habiter les milieux ruraux », résume Cécile, qui rappelle qu’il y a aussi sur le lieu des artisans tanneurs, une conserverie ou encore une bibliothèque et des espaces de danse, cinéma, formations pratique et rencontre publiques. Cela n’est pas toujours simple, d’autant que les vifs antagonismes entre différents groupes d’opposants qui ont éclaté après l’abandon du projet d’aéroport ont laissé leurs traces. Par exemple d’ancien.e.s membres de comités de soutien à la Zad ont publié sur Reporterre une tribune contre l’idée de se « conformer aux règles du jeu dictées par l’État » à laquelle des habitants et collectifs de la Zad ont répondu.

 

 

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05/11/2019
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