Les plus grands héros sont souvent les pus discrets. Illustration avec Adolfo Kaminsky qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, a sauvé des milliers d’enfants juifs grâce à ses talents de faussaire.
Rescapé du camp de Drancy en 1942, Adolfo entre dans la Résistance et se met à fabriquer des faux papiers pour les enfants juifs. « En une heure, je fabrique 30 faux papiers. Si je dors une heure, 30 personnes mourront » se disait-il alors. « J’ai travaillé jusqu’à l’évanouissement. »
Plus tard, et jusque dans les années 70, Adolfo Kaminsky est resté dans la clandestinité, mettant son savoir-faire au service de différentes causes tel que l’émigration des rescapés juifs vers la Palestine ou encore le combat pour l’indépendance de l’Algérie…
Adolfo Kaminksy :
« Quand on a la chance de sauver ne serait-ce qu’une seule vie humaine, on le doit, c’est primordial. Et j’ai eu la chance d’en sauver beaucoup. »
Sa fille, Sarah Kaminsky :
« Ce qui pour moi fait la particularité de son engagement, c’est que pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’est engagé pour des Juifs, c’est-à-dire qu’il était athée mais juif. Et ce que je trouve extrêmement intéressant dans son histoire, c’est que par la suite, il met exactement le même engagement à sauver des personnes qui n’ont rien à voir avec sa communauté. »
Aujourd’hui, à 94 ans, Adolfo Kaminsky démarre une carrière de photographe. Il expose au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ), à Paris, jusqu’au 8 décembre 2019.
Un destin hors-normes, un dévouement exemplaire.
Adolfo Kaminsky. Faussaire et photographe
http://www.exposition-paris.info/expo-paris-adolfo-kaminsky-faussaire-et-photographe-mahj/
Du 23 mai au 08 décembre 2019
Résistant, faussaire, chimiste, photographe… l’artiste franco-argentin, très engagé, aura passé 30 ans à fabriquer de faux papiers pour différents mouvements de libération. C’est d’ailleurs pendant la Seconde Guerre mondiale qu’Adolfo Kaminsky découvre la photographie et capture travailleurs, brocanteurs ou mannequins dans des clichés en noir et blanc.
Né à Buenos Aires en 1925, dans une famille juive originaire de Russie installée en France en 1932, il travaille comme apprenti teinturier dès l’âge de quinze ans et apprend les rudiments de la chimie. Interné à Drancy en 1943 avec sa famille, il peut quitter le camp grâce à sa nationalité argentine.
Engagé dans la Résistance à dix-sept ans, il devient, grâce à ses compétences de chimiste, un expert dans la réalisation de faux papiers. Il travaille successivement pour la résistance juive – les Éclaireurs israélites, la Sixième et l’Organisation juive de combat – avant de collaborer avec les services secrets de l’armée française jusqu’en 1945.
Après la guerre, il fabrique des faux papiers pour la Haganah, facilitant l’émigration clandestine des rescapés vers la Palestine, puis pour le groupe Stern, qui s’oppose violemment au mandat britannique. Connu comme « le technicien », dans les années 1950 et 1960, il est le faussaire des réseaux de soutien aux indépendantistes algériens, aux révolutionnaires d’Amérique du Sud et aux mouvements de libération du Tiers-Monde, ainsi qu’aux opposants aux dictatures de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce.
Autant de combats auxquels il a apporté son concours, au péril de sa vie et au prix de nombreux sacrifices.
Resté fidèle à ses conceptions humanistes, il refusera toute collaboration avec les groupes violents qui émergent en Europe dans les années 1970. C’est pendant la Seconde Guerre mondiale qu’Adolfo Kaminsky découvre la photographie.
Après la Libération, il réalise des milliers de clichés, offrant un regard en clair-obscur sur le monde, où se pressent travailleurs, amoureux clandestins, brocanteurs, mannequins réels ou factices, poupées disloquées, ou barbus errants… Des puces de Saint-Ouen aux néons de Pigalle, il a capturé les regards, les silhouettes solitaires, les lumières, l’élégance et la marge, tout ce qui constitue son univers.
Dans le foyer de l’auditorium, le mahJ rend hommage à cette figure de la Résistance dont l’œuvre photographique remarquable est resté ignoré en raison de ses engagements et d’une existence pour partie clandestine.
Exposition Paris : Adolfo Kaminsky. Faussaire et photographe
Dates : Du 23 mai au 08 décembre 2019
Lieu : Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ)
71, rue du Temple
75003 Paris
Métro : Rambuteau (ligne 11), Hôtel de Ville (lignes 1, 11)
Bus : lignes 29, 38, 47, 75
RER : Châtelet-Les Halles (RER A, RER B, RER D)
Parking : Pompidou, Beaubourg, Hôtel de Ville, Baudoyer
Horaires : Mardi, jeudi, vendredi : 11h-18h
Mercredi : 11h-21h
Samedi et dimanche : 10h-19h
Plein tarif : 10 euros
Tarif réduit : 7 euros (familles nombreuses, 18-25 ans hors Union européenne, partenaires)
Tarif exposition réservé aux 18-25 ans résidents dans l’Union européenne : 5 euros
https://www.franceculture.fr/histoire/adolfo-kaminsky-le-faussaire-heroique
Adolfo Kaminsky