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Un article La Relève et la Peste : Travail forcé, pesticides et pression, la face cachée des produits durables chez Lidl

Travail forcé, pesticides et pression, la face cachée des produits durables chez Lidl

 

"Dans une des plantations visitées, celle de Palmar, 83 travailleurs sur les 100 interrogés indiquaient devoir travailler pendant l’épandage par avion de pesticides sur les champs, « au risque d’être licenciés en cas de plainte »."

 

Article du 2 juillet 2018 - La Relève et La Peste

"Après un an de mobilisation pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement chez les producteurs d’ananas (Costa-Rica) et de bananes (Equateur) fournissant les enseignes allemandes, les ONG ActionAid et Oxfam ont reçu une réponse peu satisfaisante de Lidl. L’occasion de revenir sur la situation et de renouveler l’appel à agir.

Les fruits de la discorde

Qu’est-il reproché à Lidl au juste ? L’histoire remonte à juillet dernier, quand l’association Oxfam Allemagne publiait un rapport d’enquête explosif sur les conditions de travail des travailleurs dans les exploitations productrices de bananes en Equateur et d’ananas au Costa Rica. L’enquête, menée directement dans 7 plantations avec des interviews de plus de 200 travailleurs, en appelait directement aux grandes enseignes allemandes se fournissant dans ces pays (Lidl, Rewe, Edeka et Aldi) pour faire cesser les injustices qu’elle décrit. Lidl étant aussi implanté en France, le rapport avait été repris par ActionAid pour faire pression sur la filiale française, notamment grâce à une campagne vidéo et un web-documentaire approfondi, titré « Le juste fruit ! ».

Revenons sur le rapport d’Oxfam. Très rigoureux, celui-ci s’appuie sur deux études de cas pour décrire l’injustice de la situation des travailleurs dans les plantations. Le premier point abordé est celui des pesticides : dans une des plantations visitées, celle de Palmar, 83 travailleurs sur les 100 interrogés indiquaient devoir travailler pendant l’épandage par avion de pesticides sur les champs, « au risque d’être licenciés en cas de plainte »."

 

"La pratique, illégale puisqu’un délai de 8 heures doit normalement être respecté, est particulièrement dangereuse au vu des pesticides utilisés : oxamyl, paraquat, mancozeb ou encore glyphosate, autant de noms tristement réputés pour leur nocivité. Les conséquences sont inévitables : une étude autrichienne, citée par le rapport, a démontré que les travailleurs « souffraient de maladies gastro-intestinales dans des proportions six à huit fois supérieures à ceux employés par des plantations biologiques » ; sans parler des risques accrus, mais plus difficiles à prouver, de cancers et de maladies respiratoires.

Deuxième volet dénoncé par le rapport : le respect du droit du travail dans les plantations. Sont pointées du doigt : des irrégularités de paiement des salaires (non-respect du salaire minimum, pas de retraite, pas de couverture maladie), de parité (travailleuses payées en moyenne 30 % moins que les hommes) ou encore de respect des syndicats (jusqu’à 97 % des travailleurs indiquent ne pas avoir le droit à un syndicat).

Le rapport est émaillé de témoignages d’anciens employés, comme Isidrio Ochoa, qui raconte son expérience avortée de constitution d’un syndicat, qui lui a coûté son emploi ; « je t’aurais », lui a écrit son ancien patron quand il a témoigné de son expérience lors d’une conférence au Pérou."

 

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Crédit Photo : Costa Rica 2015 – Make Fruit Fair / ActionAid France – MakeFruitFaire

 

 

[...]

 

 

"Les producteurs, protégés par le label Fairtrade/Max Havelaar, vendent les caisses de fruits à un prix fixé par le gouvernement, et perçoivent par caisse 1$ supplémentaire : cette « prime de développement » sert à financer des projets d’amélioration de la vie des travailleurs. Sont cités la construction d’un collecteur d’eau de pluie, la création d’une boutique aux prix inférieurs aux magasins locaux, ou enfin le financement d’études en parallèle du travail dans la plantation.

Progrès récents en France

N’oublions pas que le point de départ de l’étude d’Oxfam est le marché allemand. En France, Lidl mis à part, la situation est probablement différente, et une autre étude serait nécessaire pour tirer un parallèle. En termes de législation, un progrès très récent est à noter (qui n’est peut-être pas étranger à la réaction tardive de Lidl France) : le 27 mars dernier a été promulguée la loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre.

Derrière ce titre à rallonge se cache une loi obligeant les entreprises de plus de 5 000 salariés (seulement 150 structures concernées en France, mais c’est un début) à un « devoir de vigilance » quant aux atteintes aux droits humains provoquées par leurs activités (mais aussi celles de leurs sous-traitants et fournisseurs). Salué par Amnesty International, ce texte permettra aux victimes de ces atteintes de faire condamner l’entreprise à la réparation de leur préjudice « évaluer et prévenir les impacts négatifs qu’ont leurs activités sur l’environnement et les droits humains ».

Cette réforme, jugée « historique » par certains, fera, espérons-le, école dans le reste de l’Europe et notamment en Allemagne, obligeant Lidl, Edeka ou encore Aldi à prendre leurs responsabilités. On regrettera cependant la faiblesse du texte définitif : suite à une saisie du Conseil constitutionnel, la menace d’une amende (jusqu’à 30 millions d’euros) a été retirée ; de plus, le texte manque de propositions concrètes et pédagogiques pour inciter les entreprises à balayer devant leur porte :

« la proposition de loi est ainsi susceptible de créer une certaine insécurité juridique pour les entreprises au lieu d’énoncer des directives claires (…) pour respecter les droits humains dans leurs activités », regrette l’avocat Stéphane Brabant dans une tribune du Monde."

 

 

Lien vers l'article complet sur la Relève et la Peste :   LIDL la face cachée des produits durables

 


 

 

 

La Pétition

 

Le lien de la pétition :   Pétition LIDL

 

Avec un chiffre d’affaires de 80 milliards d’euros en 2014, l’enseigne Lidl dispose de plus de 8 100 filiales dans 24 pays. En France, la multinationale investit actuellement des sommes colossales pour se construire une nouvelle image de marque. Elle est devenue, en 2015, le 2ème plus gros investisseur publicitaire parmi les grandes surfaces.
En matière de respect des droits, les investissements de Lidl semblent cependant bien moins ambitieux.

Leader européen des enseignes de supermarchés discount, Lidl prétend que ses bananes et ananas sont produits de façon “durable”. Mais les travailleurs et travailleuses agricoles des plantations fruitières qui approvisionnent ses étals perçoivent des salaires insuffisants pour vivre dignement, sont régulièrement exposés à des produits toxiques et confrontés à la répression syndicale.

Tant que les grandes enseignes comme Lidl exerceront une pression sur leurs fournisseurs pour tirer au maximum les prix vers le bas, les travailleurs-ses agricoles ne pourront ni sortir de la pauvreté, ni faire respecter leurs droits. Par votre signature exigez que Lidl paye un prix juste et s’engage pour le respect des droits des hommes et des femmes qui travaillent dans les plantations.

 



06/03/2019
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